Aristide Maillol nait le 8 décembre 1861 à Banyuls-sur-Mer. Il est l'avant-dernier d'une fratrie de cinq enfants. Sa mère s'appelait Catherine Rougé et son père, Raphaël Maillol, était négociant en drap. Dès son plus jeune âge, sa tante Lucie se charge de son éducation.
Après des études au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, il se rend à Paris en 1882, s'inscrit au cours de dessin de Jean-Léon Gérôme, à l'école nationale des beaux-arts, puis rencontre Antoine Bourdelle, qui le soutient en 1889 quand il rencontre des difficultés financières. Lorsqu'il découvre les tapisseries de La Dame à la licorne au musée de Cluny, il ouvre un atelier de tissage à Banyuls, y rencontre son épouse Clotilde Narcis, dont il aura un fils, né 1896, Lucien. Elle sera sa compagne et son premier modèle en sculpture. Sa peinture est influencée par ses contemporains, il admire Pierre Puvis de Chavannes, il appartient au groupe des Nabis, où il côtoie Bonnard, Vuillard et Maurice Denis, et sa rencontre avec Paul Gauguin, en 1892, est décisive.
L’année 1900 est un tournant dans l’œuvre de Maillol, qui invente un véritable répertoire de formes, préfigurant son œuvre à venir. Ses premières sculptures en bois, puis ses modelages en terre crue ou en argile, Vénus ou baigneuses debout, accroupies, se coiffant, évoquent la statuaire grecque archaïque. La perfection des formes de Léda impressionne Rodin et Mirbeau, ce dernier en fait l’acquisition en 1902, lors de l’exposition à la galerie Vollard à Paris, qui rencontre un grand succès et rapporte : « Un soir, chez moi, Auguste Rodinétudiant longuement, tournant et retournant dans sa main une figure de Maillol, me dit : Maillol est un sculpteur aussi grand que les plus grands... Il y a là, voyez-vous, dans ce petit bronze, de l’exemple pour tout le monde; aussi bien pour les vieux maîtres, que pour les jeunes débutants.... Je suis heureux de l’avoir vu... Si le mot génie, improprement appliqué à tant de gens, aujourd’hui, a encore un sens, c’est bien ici... Oui, Maillol a le génie de la sculpture... Il faut être de mauvaise foi, ou très ignorant, pour ne pas le reconnaître. Et quelle sûreté dans le goût !.. Quelle intelligence de la vie, dans le simple !... Ce qu’il y a d’admirable, en Maillol, ce qu’il y a, pourrais-je dire, d’éternel, c’est la pureté, la clarté, la limpidité de son métier et de sa pensée... » Et, remettant à sa place, dévotement, la statuette, il ajouta, avec un sourire qui exprimait toute sa joie de rendre hommage à un talent dont nul, mieux que lui, ne pouvait comprendre la bonne éducation, la perfection technique et sentir l’intense frémissement de vie : « Je suis tranquille sur l’avenir d’un tel homme... »
Ensuite, lorsque Maillol expose le plâtre de Méditerranée au Salon d’automne de 1905, parmi les peintres fauves, dont les tableaux exaltent la couleur pure, c’est un triomphe. La sculpture, monumentale, représente une femme assise, absorbée dans ses pensées, dont le coude appuyé sur son genou et la tête reposant sur sa main ferment une composition géométrique. André Gide la décrit ainsi : « Elle est belle, elle ne signifie rien, c’est une œuvre silencieuse. Il faut remonter bien loin en arrière pour trouver une aussi complète négligence de toute préoccupation étrangère à la simple manifestation de la beauté. » Cette figure méditative, dont toute expression est absente au profit d’une vision d’ensemble, cette œuvre majeure, lisse, structurée comme une architecture, est emblématique des recherches de Maillol.
L'œuvre n'est plus la traduction d'une pensée littéraire ou mythologique, elle ne vise plus une lecture ou un sens préétabli. Le destin de la sculpture va désormais s'orienter vers la forme pure dégagée de tout souci ou contenu.
Le comte Harry Kessler, collectionneur allemand qui sera son mécène durant toute sa carrière, lui en commande une version en pierre. Maillol, en 1923, pour honorer une commande d’État, en fera une autre en marbre, aujourd’hui au musée d’Orsay.
Dès 1905, Maillol reçoit des commandes privées et publiques, dont le monument à Louis-Auguste Blanqui, homme politique révolutionnaire, emprisonné une grande partie de sa vie. Maillol représente une femme nue, L’Action enchaînée, qui tente en vain de se libérer de ses entraves par un puissant mouvement de rotation du torse. Cette conception inédite du monument public provoque un terrible scandale. De même, pour l’Hommage à Cézanne, commandé en 1912 par Aix-en-Provence, Maillol s’inspire d’un nu féminin, et les commanditaires refusent catégoriquement l’œuvre, que Frantz Jourdain fera rentrer plus tard dans les collections nationales.
Maurice Denis lui présente en 1910 le collectionneur russe Ivan Morozov, qui lui a commandé des panneaux peints pour la décoration de son salon, pour lequel Maillol réalise quatre sculptures grandeur nature : Pomone, Flore, L’Été, Le Printemps.
Après la mort de Rodin en 1917, auquel on l’a toujours opposé en termes de style, Maillol est considéré comme le plus grand sculpteur français vivant.
Dans l’entre-deux-guerres, il réalise quatre monuments aux morts : à Banyuls-sur-Mer, Céret, Elne et Port-Vendres, ainsi qu’un monument funéraire à Bâle.
Il exécute des bois gravés pour illustrer des textes antiques : Les Églogues puis Les Géorgiques de Virgile, L'Art d'aimer d’Ovide, Daphnis et Chloé de Longus, montrant toute l’étendue de son talent.
Dans les années 1930 Maillol est célèbre, il incarne un renouveau de la sculpture et réalise le Monument à Debussy, aux courbes d’une exquise douceur. Dans cette période où il cherche une inspiration nouvelle, il fait la connaissance en 1934 de Dina Vierny, jeune fille qui incarne son idéal en sculpture et qui devient son principal modèle pendant dix ans. À la fois muse, interlocutrice et collaboratrice, elle lui inspire ses dernières sculptures monumentales : La Montagne, en 1937, qui achève le cycle entamé au début du siècle, L’Air, en 1938, monument à la mémoire des aviateurs de l’Aéropostale, puis La Rivière, corps féminin renversé en arrière, qui s’efforce de résister au courant qui l’entraîne inexorablement. C’est la première représentation en sculpture d’une figure sur le flanc, en équilibre instable, sorte d’allégorie des temps troublés qui s’annoncent avec la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle Maillol se retire à Banyuls-sur-Mer. Après deux rétrospectives en 1933, à New York et à Bâle, Maillol voit la consécration de son œuvre lors de l’exposition universelle de 1937 à Paris par la place qu’occupent ses sculptures dans le tout nouveau musée national d’art moderne au Palais de Tokyo.
Il commence sa dernière œuvre en 1940, Harmonie, inachevée, où il atteint le sommet de son art. La silhouette féminine légèrement déhanchée évoque la sculpture médiévale, elle fait la synthèse de toutes ses recherches formelles mais, contrairement aux œuvres précédentes, c’est également un portrait.
L’artiste meurt en 1944 des suites d’un accident de voiture, près de son village natal. Il laisse une œuvre considérable que l’on peut admirer à Paris, en province et à l’étranger.
Dans le jardin du Carrousel à Paris sont exposées les dix-neuf sculptures offertes sous l’égide d’André Malraux, en 1964, par Dina Vierny, qui a créé rue de Grenelle un musée consacré à l’artiste, inauguré en 1995 par François Mitterrand.
(source Wikipédia)