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Odilon Redon
1840 - 1916
Odilon Redon, né Bertrand Redon le 20 avril 1840 à Bordeaux et mort le 6 juillet 1916 à Paris, fut un peintre symboliste et coloriste de la fin du xixe siècle. Son art explore les méandres de la pensée, l'aspect sombre et ésotérique de l'âme humaine, empreint des mécanismes du rêve.
Son père épouse une créole d’origine française, aux Amériques. Ils reviennent en France cinq ou six ans plus tard. Ce voyage va avoir une influence sur le peintre : ce goût de rêve fécond, ce besoin d’imagination et d'évasion, notamment le motif récurrent de la barque dans son œuvre, s’inscrivent dans cette perspective. Redon est dès le départ un artiste spirituellement apatride.
D'une nature fragile, il est confié à une nourrice puis à son oncle, à la campagne, et passe son enfance entre Bordeaux et le domaine de Peyrelebade, près de Listrac dans le Médoc ; c’est là vers six ans « en plein isolement de la campagne » que les fusains verront le jour, dans cette nature pleine de clairs-obscurs et de nuances propres à éveiller chez le jeune garçon ce monde étrange et fantasmagorique, ce sentiment subjectif qui sera l'essence même de son œuvre, et qui est encore aujourd'hui une énigme.
Il s’en va à travers champs, vignes et bois, observe, considère les ombres, apprécie le contraste de la terre avec l'azur du ciel et de la lumière. À sept ans, une vieille bonne le mène à Paris pour quelques mois, où il découvre les musées. Il reste devant les toiles, silencieux et subjugué. Les tableaux figurant des drames frappent l’esprit de l'enfant. De retour à Bordeaux, scolarisé, il obtiendra un prix de dessin avant que de savoir lire, il est morose et inattentif et gardera le souvenir « le plus triste et le plus lamentable » de cette période. Il décide d'être artiste, sa famille y consent, il continue ses études et prend des leçons de dessin et d’aquarelle avec son premier maître Stanislas Gorin, élève d’Eugène Isabey, il découvre Millet, Corot, Gustave Moreau.
Sous l'influence de son père, il tente des études d'architecture, mais contrairement à son frère cadet Gaston devenu architecte Prix de Rome, il échoue à l'examen. Il se lie d’amitié avec le botanisteArmand Clavaud qui l'initie aux sciences et à la littérature, se passionne pour Darwin et Lamarck et aux recherches de Pasteur, lit les Fleurs du mal de Baudelaire, se forme à la technique de l'eau-forte et à la sculpture. À Paris, il entre dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, mais les relations entre le maître et l'élève sont douloureuses et négatives
Les années 1890 et le début du siècle sont une période de transformation, de mutation, c'est l'abandon de ses « noirs », il commence à utiliser le pastel et l'huile, et la couleur dominera les œuvres du reste de sa vie. Eve est son premier nu féminin réalisé d’après modèle. En 1899, il est présenté par Maurice Denis aux Nabis, groupe d'artistes qui compte parmi ses membres Gauguin. En 1900, Maurice Denis peint l’Hommage à Cézanne — Redon y est représenté debout devant une toile de Cézanne, entouré de Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Roussel, Paul Sérusier, Mellerio et Ambroise Vollard. Il travaille avec Mallarmé. Une exposition Odilon Redon a lieu à la galerie Durand-Ruel en 1900. Il voyage en Italie avec Robert de Domecy. Il exécute des peintures décoratives pour son ami Ernest Chausson, ainsi que pour le château, en Bourgogne, de son ami et mécène, Robert de Domecy. En 1901 il participe au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris. Son ami d’enfance, le peintreCharles Lacoste, l’introduit en 1903 auprès de Gabriel Frizeau, mécène bordelais passionné d'art et de belles-lettres. La légion d'honneur lui est attribuée. En 1904 une salle lui est entièrement consacrée au Salon d'Automne comportant soixante-deux œuvres. En 1908, Odilon voyage à Venise et en Italie avec sa femme, son fils et Arthur Fontaine, il réalise ses premiers cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins à la demande de Gustave Geffroy.
Mellerio en 1913 publie un catalogue de ses eaux-fortes et lithographies. La même année, l'Armory Show présente quarante de ses œuvres sur le continent américain à New York (International exhibition of Modern Art), Chicago et Boston, où le Nu descendant l'escalier de Marcel Duchamp fera scandale.
Il a publié de son vivant une intéressante autobiographie où sont évoqués ses rapports avec le milieu artistique et les ambitions artistiques et spirituelles de son époque. Il meurt le 6 juillet à Paris ; son fils Ari n’a pu arriver à temps du front. Une huile sur toile, La Vierge, est laissée inachevée sur le chevalet de l’artiste. Il est inhumé dans le petit cimetière de Bièvres, l’« âme du roi des mondes imaginaires » repose là sous une pierre tombale régulièrement fleurie.
[source Wikipedia]