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Expressionnisme , une des tendances majeures de l'art dans le premier quart du XXe siècle, qui toucha essentiellement les pays d'Europe du Nord, et autant les arts plastiques que la musique, la littérature, le cinéma et le théâtre.

Esthétique du paroxysme, l'expressionnisme se manifeste par le besoin d'épanchement d'une subjectivité marquée par le sentiment de la souffrance et du tragique. Ses moyens plastiques sont fondés sur des déformations et des stylisations qui recherchent un maximum d'intensité expressive.

A la fin du XIXe siècle, l'expressionnisme est annoncé par l'art de Vincent Van Gogh, de James Ensor et d'Edvard Munch. Mais c'est en Allemagne, où existe déjà une durable tradition romantique et symboliste, qu'il trouve son milieu d'expansion le plus favorable.

En 1905, les peintres Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff créent à Dresde le groupe Die Brücke (Le Pont), auquel s'adjoignent Cuno Amiet, Max Pechstein, Otto Mueller et, temporairement, Emil Nolde. Une très grande intensité créative marque leurs toiles, souvent frustes, leurs sculptures, où se décèlent sans mal des références primitivistes, et leurs dessins et xylographies, où ils reviennent à des sources populaires et naïves. 
En 1911, ils se transportent à Berlin, où travaillait déjà Ludwig Meidner, auteur d'apocalyptiques visions de guerre et de destructions, et où Herwarth Walden crée la galerie et la revue Der Sturm, efficaces instruments de propagation des idées et de l'esthétique expressionnistes. 
L'expressionnisme se développe aussi à Murnau, près de Munich, autour d'une colonie d'artistes allemands et russes, comme Wassilli Kandinsky, Franz Marc, August Macke, Alexeï Jawlensky, Gabriele Münter, Marianne von Werefkin, etc. qui créent en 1911 le groupe Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu). Leur expressionnisme se réfère aux mêmes sources anti-académiques que celui de Die Brücke, mais se singularise par son net penchant au lyrisme, ainsi que par l'évolution de certains de ses membres vers l'art abstrait. Des artistes travaillant plus isolément, comme les sculpteurs Wilhelm Lehmbruck et Ernst Barlach, qui opèrent un retour très original aux sources gothiques de l'art allemand, peuvent se relier à l'esthétique expressionniste.

Pendant et après la guerre, l'Allemagne a connu une deuxième vague expressionniste, portée par l'œuvre des peintres Conrad Felixmüller, Max Beckmann, du sculpteur Rudolf Belling et par la critique violemment acerbe d'artistes proches du mouvement dada, comme Otto Dix et George Grosz. Enfin, l'Allemagne a également vu naître une architecture expressionniste, d'abord limitée aux projets utopiques des membres de la « Chaîne de verre », puis incarnée dans certains des bâtiments de Bruno Taut, Hans Poelzig, Fritz Höger et surtout Erich Mendelsohn.

à côté de l'Autriche, où les peintres Egon Schiele et Oskar Kokoschka font figure de géniaux isolés, c'est surtout aux Pays-Bas, autour de Jan Sluyters et de Leo Gestel, et en Belgique que se développent d'autres courants expressionnistes. La petite ville flamande de Laethem-Saint-Martin a ainsi abrité deux générations successives d'artistes expressionnistes ; la première, centrée autour du peintre Gustave Van de Woestyne, était stylistiquement marquée par le symbolisme et par l'exemple des primitifs flamands ; la seconde, apparue juste après la guerre, se caractérise par plus de variété et d'invention. Constant Permeke et Fritz Van den Berghe développent un style luministe qui accuse les formes, aux contours nettement dessinés ; Gustave de Smet met en œuvre un dessin plus chaotique et Edgar Tytgat est l'auteur de saynètes quotidiennes, faussement naïves et candides. Travaillant à l'écart, Franz Masereel donne de grands cycles de bois gravés qui comptent parmi les plus grandes œuvres jamais créées dans cette technique qu'ont tellement favorisée les expressionnistes.

Bien que Paul Gauguin, en peinture, et Auguste Rodin, en sculpture, soient souvent mentionnés comme précurseurs de l'expressionnisme, cette tendance ne fait qu'effleurer le milieu français. Georges Rouault l'incarne seul avant la guerre, mais pour les années 1920 on pourrait y inclure Marcel Gromaire, Georg et Amédée de la Patellière, qui ne sont pas sans présenter des affinités avec les expressionnistes flamands, ainsi que le premier Fautrier, Jules Pascin et surtout Chaïm Soutine. Par certains aspects, la sculpture d'Ossip Zadkine, de Jacques Lipchitz et même de Bourdelle n'est pas non plus toujours éloignée de la sensibilité expressionniste.

L'expressionnisme n'en reste pas moins un phénomène plus spécifiquement nordique, qui s'est développé partout où existait déjà, parfois depuis la fin du Moyen âge et surtout depuis le romantisme et le symbolisme, une tradition de recherche de l'intensité dans la représentation du monde réel comme reflet du monde des sentiments et des passions.

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